Le feuilleton judiciaire opposant Sony à Tencent vient de prendre une tournure aussi surprenante qu’ironie du sort. Alors que les deux géants s’affrontent aujourd’hui pour une affaire de plagiat autour du jeu Light of Motiram — accusé de copier Horizon —, un nouveau document dévoilé par The Game Post révèle qu’ils ont failli collaborer sur un projet inspiré de The Last of Us.
Des partenaires potentiels devenus adversaires

Avant que les tribunaux ne s’en mêlent, Sony et Tencent semblaient entretenir une relation cordiale. D’après Olivier Courtemanche, responsable du mobile chez PlayStation, son équipe s’est même rendue à Shenzhen, en Chine, pour discuter avec les studios de Tencent d’un jeu estampillé The Last of Us.
Mais ce projet n’était pas le premier sur la table. Quelques mois plus tôt, lors de la GDC 2024 à San Francisco, Tencent avait déjà approché Sony pour un autre concept baptisé “Project Z”, développé avec Aurora Studios, une filiale interne. L’idée ? Créer une aventure post-apocalyptique évoquant l’esprit d’Horizon Zero Dawn. Sony, prudent, avait refusé la proposition, jugeant le projet trop proche de sa propre franchise.
Une rencontre qui tourne court
Selon les documents cités par The Game Post, c’est au cours d’une nouvelle réunion que les choses se sont compliquées. Tencent aurait tenté de relancer la discussion en proposant un projet lié à The Last of Us. Séduisant sur le papier, le concept s’est rapidement effondré lorsque les équipes de Sony ont découvert des visuels presque identiques à ceux du “Project Z”.
Olivier Courtemanche raconte avoir été surpris par la ressemblance des décors et du personnage principal, une héroïne habillée d’un mélange d’armures métalliques et de tenues tribales, très proche du style d’Horizon. Sony aurait alors compris que Tencent recyclait simplement un projet refusé sous un autre nom.
Résultat : la discussion s’est arrêtée net, et le partenariat envisagé autour de The Last of Us n’a jamais dépassé le stade de la présentation.
Du partenariat à la plainte

Quelques mois plus tard, Tencent sort Light of Motiram, un jeu dont le design et la direction artistique rappellent fortement Horizon. Pour Sony, il n’y a plus de doute : le studio chinois a puisé directement dans ses concepts visuels. La firme japonaise porte alors plainte pour plagiat, accusant Tencent d’“imitation flagrante” et de “tromperie manifeste”.
Dans un communiqué relayé par The Game Post, Sony déclare que Light of Motiram “reprend des éléments esthétiques et structurels d’Horizon dans une mesure telle qu’il ne peut s’agir d’une simple coïncidence.”
Une alliance avortée

Ce qui aurait pu devenir une collaboration inédite s’est transformé en bataille juridique. Ironiquement, Tencent voulait initialement travailler avec Sony sur une version inédite de The Last of Us, peut-être un spin-off mobile ou un mode multijoueur. Mais la méfiance, les différences culturelles et la tentation de “s’inspirer un peu trop” ont tout fait basculer.
Au final, Light of Motiram symbolise cette frontière trouble entre inspiration et imitation. Là où Sony défend jalousement l’identité de ses licences, Tencent, lui, avance à marche rapide dans une industrie mondiale où les idées circulent sans frontières.
L’affaire rappelle une vérité simple : dans le jeu vidéo, les plus grandes collaborations avortées révèlent souvent les tensions cachées entre innovation et appropriation.
Si The Last of Us avait bel et bien vu le jour sous la houlette conjointe de Sony et Tencent, l’histoire aurait sans doute été bien différente.
Mais aujourd’hui, c’est devant les tribunaux — et non sur une console — que ce duel se joue.
