Alors que le prix des jeux vidéo a longtemps stagné autour des 60 à 70 euros, un nouveau cap semble avoir été franchi. Mario Kart World, prochain mastodonte de Nintendo, affiche un prix de vente conseillé de 80 €. Une hausse tarifaire qui fait grincer des dents… mais qui pourrait bien devenir la nouvelle norme. Même Xbox s’y met, et certains anciens de PlayStation montent au créneau pour défendre cette évolution.
Invité récemment sur le podcast Kit and Krysta, Shuhei Yoshida, ex-dirigeant emblématique de PlayStation, s’est exprimé sur un sujet qui divise de plus en plus la communauté : le prix croissant des jeux AAA. Pour lui, la logique est simple : à l’heure où certains titres proposent des centaines d’heures de contenu, 80 € reste un tarif “abordable” au regard du rapport qualité-temps passé.
« Mario Kart 8 est un excellent exemple : des millions de joueurs y reviennent sans cesse, parfois même sans avoir acheté le jeu eux-mêmes. C’est une valeur sûre, amortie sur le long terme », explique-t-il. Le vétéran de Sony rappelle aussi que tous les jeux ne peuvent pas être vendus au même prix, et que le modèle de tarification devrait s’adapter à la rejouabilité, au contenu et à la durée de vie.
Si l’argument peut s’entendre du côté des industriels, les joueurs, eux, ne l’avalent pas aussi facilement. Un sondage récent révèle que la majorité du public reste opposée à un prix standard de 80 €. Toutefois, certains admettent qu’ils pourraient faire des exceptions pour des titres majeurs.

Parmi les jeux cités comme “dignes” de ce tarif : GTA 6, attendu pour 2026, arrive largement en tête. L’aspect événementiel, la qualité de production et la promesse de contenus massifs semblent rendre la pilule plus facile à avaler, à condition que le jeu tienne ses promesses.
Nintendo a ouvert la voie, mais Xbox n’a pas tardé à suivre. Son prochain gros projet, Outer Worlds 2, est également listé à 80 €. Et même si Death Stranding 2, de Kojima Productions, est resté sur un tarif de 70 €, la tendance est bel et bien là. Difficile d’imaginer que PlayStation n’en fasse pas autant sur ses prochaines exclusivités maison.

Derrière cette inflation, c’est toute la question de la valeur perçue du jeu vidéo qui est en jeu. Face à des productions de plus en plus coûteuses, les éditeurs cherchent à rentabiliser des budgets colossaux, tandis que les joueurs demandent plus de transparence sur ce qu’ils obtiennent réellement pour leur argent.
Le débat est lancé, et il est loin d’être tranché. Faut-il standardiser un prix premium pour les jeux AAA, ou continuer à proposer des tarifs modulés selon le contenu ? Shuhei Yoshida en est convaincu : le modèle peut fonctionner si le joueur en a pour son argent. Mais la balle est désormais dans le camp des studios et des éditeurs, qui devront prouver que ces 80 € ne sont pas qu’un coup de pression supplémentaire sur le portefeuille, mais un investissement rentable en heures de plaisir vidéoludique.