La vague de turbulences qui secoue la division gaming de Microsoft n’en finit plus de faire des remous. Après les annulations de projets très attendus comme Perfect Dark et Everwild, un nouveau rapport jette un éclairage plus sombre encore sur les décisions internes du géant américain : Bethesda aurait suspendu le financement de plusieurs jeux non annoncés, en développement chez des studios externes.
Des projets tués dans l’œuf, des studios fragilisés
Si Microsoft affirme encore avoir une quarantaine de jeux en développement actif, tous ne semblent pas logés à la même enseigne. D’après plusieurs sources concordantes, des projets confidentiels, portés par des studios tiers de taille modeste, ont tout simplement été mis à l’arrêt. En ligne de mire : des titres jugés trop petits, trop risqués, ou hors des nouvelles priorités budgétaires imposées par la direction.

C’est Romero Games, le studio de John Romero (légende à l’origine de Doom), qui a ouvertement sonné l’alarme. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), l’équipe a révélé que son projet en collaboration avec Bethesda avait été annulé sans préavis, tout comme plusieurs autres jeux similaires chez d’autres partenaires.
« Cette décision ne remet pas en cause la qualité de notre travail, mais elle nous place dans une situation délicate », déplore le studio, qui appelle désormais à l’aide tout éditeur ou investisseur potentiel.
Restructuration brutale et recentrage stratégique
Ces coupures budgétaires s’inscrivent dans un contexte plus large de restructuration massive chez Xbox, entamée au printemps 2025. Fermeture de studios emblématiques (Tango Gameworks, Arkane Austin), licenciements en cascade, rationalisation des ressources : la firme semble opérer un virage stratégique, recentrant ses efforts sur les franchises phares et les projets jugés “prioritaires” dans son écosystème Game Pass.

Mais en parallèle, c’est toute une scène créative indépendante qui en paie le prix fort. Les petites équipes qui avaient réussi à décrocher un partenariat avec un éditeur aussi prestigieux que Bethesda se retrouvent aujourd’hui sans financement, souvent au milieu de leur production, avec peu d’alternatives viables à court terme.
La situation est d’autant plus amère que certains de ces jeux annulés auraient pu représenter une bouffée d’air frais dans un catalogue Xbox souvent critiqué pour son manque de diversité et de prises de risques.

L’issue reste incertaine pour Romero Games et les autres studios touchés. Si certains espèrent un miracle via un nouveau partenaire ou un financement participatif, d’autres pourraient être contraints de mettre la clé sous la porte.
En attendant, cette nouvelle vague d’annulations met une fois de plus en lumière les fragilités structurelles de l’industrie, où même des collaborations prestigieuses peuvent être rompues du jour au lendemain. Et où la créativité, aussi brillante soit-elle, ne suffit plus à garantir la survie d’un projet.