Chez Rockstar Games, le rêve de Grand Theft Auto VI tourne à la désillusion. Alors que le jeu le plus attendu de la décennie entre dans sa dernière ligne droite, des tensions éclatent en interne. Plusieurs employés dénoncent un climat délétère marqué par la peur, la fatigue et une profonde perte de confiance envers la direction.
Quand la légende vacille

Depuis plus de vingt ans, Rockstar Games incarne l’excellence du jeu vidéo narratif et ambitieux. Mais derrière les projecteurs, le studio traîne une réputation tenace : celle d’un environnement de travail éprouvant. Les révélations autour de Red Dead Redemption en 2010, puis de GTA V et Red Dead Redemption 2, avaient déjà mis en lumière la “culture du crunch” — ces périodes de travail intensif imposées pour respecter les délais.
Malgré les promesses d’amélioration après 2018, l’histoire semble se répéter. Le développement titanesque de GTA 6, prévu désormais pour novembre 2026, ravive les vieux démons : journées interminables, salaires jugés insuffisants et une communication interne de plus en plus opaque.
Licenciements, fuites et syndicalisation avortée

L’affaire a pris une tournure explosive la semaine dernière. Rockstar a annoncé le licenciement de plusieurs dizaines d’employés pour “faute grave” après des fuites présumées de documents confidentiels. Officiellement, la sanction viserait à protéger le projet. Officieusement, elle aurait frappé des salariés impliqués dans un mouvement syndical.
Un employé anonyme, dont la légitimité a été confirmée par les modérateurs du forum GTAForums, décrit un climat de peur :
“Ceux d’entre nous qui restent travaillent dans la crainte. On a peur de parler, peur d’être les prochains, peur même de saluer nos collègues en dehors du studio.”
Selon ce témoignage, aucune preuve concrète n’aurait été présentée aux employés renvoyés. Beaucoup y voient une manœuvre destinée à briser toute tentative d’organisation collective. Le résultat ? Un moral en chute libre et une méfiance généralisée.
Un développement à la dérive

Ce contexte explosif coïncide avec le report de GTA 6 à novembre 2026, un décalage de six mois que certains espéraient synonyme d’un allègement du crunch. Pourtant, les voix internes parlent d’un “rythme toujours plus infernal”.
Rockstar, avec ses milliers d’employés répartis dans une dizaine de studios à travers le monde, doit jongler entre ambitions créatives et gestion de crise humaine.
Pour un projet aussi colossal, chaque retard coûte des millions. Mais la pression financière ne justifie pas tout. Les employés réclament aujourd’hui un encadrement plus humain, un dialogue réel et des conditions dignes d’un studio qui a bâti sa légende sur la liberté.
La tempête avant la sortie

Rockstar Games traverse peut-être l’une des périodes les plus sensibles de son histoire. Le géant new-yorkais, qui a façonné des générations de joueurs, se retrouve confronté à un paradoxe : livrer l’un des jeux les plus ambitieux jamais créés, tout en évitant de sacrifier ceux qui le construisent.
À un an de la sortie de GTA 6, le public retient son souffle. Le jeu sortira sans doute, immense et marquant. Mais derrière la claque technique et la satire sociale que promet Rockstar, une autre réalité s’impose : celle d’un studio où la passion côtoie la peur, et où l’excellence semble désormais avoir un prix.




