Avec Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft jouait gros. Très gros. Présenté comme un tournant majeur pour la célèbre franchise, cet épisode devait relancer la machine après une série de productions en demi-teinte et un moral en berne chez les actionnaires. Mais à en croire les données disponibles et le silence pesant de l’éditeur français, la réalité serait bien moins reluisante que prévue.
Officiellement, Ubisoft se félicite d’un lancement solide avec des « résultats commerciaux satisfaisants », évoquant même le seuil symbolique des 3 millions d’exemplaires vendus. Problème : aucune donnée concrète n’a été fournie pour appuyer cette déclaration.

Pire, plusieurs enquêtes indépendantes viennent nuancer cette affirmation. Selon Alinea Analytics, Assassin’s Creed Shadows se serait écoulé à 367 800 exemplaires sur Steam en mars, le plaçant tout juste à la 11e position du classement de la plateforme. Un résultat correct, mais loin d’un lancement triomphal pour une licence de cette envergure.
Sur console, les estimations parlent d’environ 1,7 million de copies vendues sur PlayStation 5. Quant à la version Xbox, elle demeure entourée de silence, aucun chiffre fiable n’ayant été communiqué à ce jour.

À ce stade, une simple addition suffit à relativiser les annonces d’Ubisoft : avec environ 2 millions de ventes avérées ou estimées (PS5 + PC), on est encore loin du cap des 3 millions. Et surtout, très loin d’un vrai retour en force.

Autre point préoccupant : la courbe de rétention des joueurs. Selon plusieurs observateurs, l’engouement initial s’est rapidement essoufflé. Les statistiques de temps de jeu et d’activité communautaire ont fortement chuté dès la deuxième semaine post-lancement. Une désaffection brutale, symptomatique d’un titre qui peine à convaincre sur la durée.
Depuis plusieurs années, Ubisoft enchaîne les sorties jugées fades ou génériques, minant peu à peu sa réputation bâtie sur l’innovation et le soin narratif. L’ambition de Shadows, avec son univers féodal japonais et ses deux protagonistes complémentaires, avait de quoi séduire. Mais derrière l’emballage, les critiques évoquent un gameplay convenu, un monde peu vivant et une narration sans relief.

Face à cette réception mitigée, le mutisme d’Ubisoft devient problématique. L’absence de chiffres précis, l’arrêt prématuré de certains outils de suivi et la communication floue autour du succès du jeu laissent une impression d’improvisation, voire de panique.
Assassin’s Creed Shadows devait marquer un renouveau. Il risque bien d’incarner une nouvelle désillusion. Si la franchise reste puissante et dotée d’une fanbase fidèle, Ubisoft ne pourra pas éternellement masquer ses contre-performances derrière des discours évasifs. Il devient urgent, pour l’éditeur, de retrouver une vision claire, sincère et audacieuse de ce que doit être l’avenir d’Assassin’s Creed.