C’est désormais officiel : la Federal Trade Commission (FTC) abandonne définitivement ses poursuites contre Microsoft. Le géant américain peut désormais tourner la page du contentieux judiciaire autour du rachat d’Activision Blizzard King. Retour sur une bataille aussi médiatique que stratégique, qui aura marqué l’histoire du jeu vidéo.
Quand Microsoft a dégainé son chèque de 69 milliards de dollars début 2022 pour racheter Activision Blizzard King, c’est toute l’industrie qui a retenu son souffle. L’opération, historique par son ampleur, visait à renforcer l’écosystème Xbox et à consolider son offre Game Pass avec des licences aussi lourdes que Call of Duty, Diablo ou Candy Crush.
Mais très vite, les autorités de régulation se sont invitées dans la partie. Outre l’Europe et le Royaume-Uni, c’est surtout la FTC américaine qui s’est montrée la plus offensive. Dès décembre 2022, elle lançait une action en justice pour tenter de faire barrage à cette fusion titanesque, arguant d’un risque de monopole et de pratiques anticoncurrentielles.
Pendant plus de deux ans, les audiences, appels et contre-appels se sont enchaînés, avec un point d’orgue en octobre 2023, lorsque Microsoft a officiellement finalisé l’acquisition, malgré les procédures encore en cours. La FTC, de son côté, refusait de jeter l’éponge, espérant encore obtenir le démantèlement de l’opération a posteriori.
Mais la sentence est finalement tombée début mai 2025. Le 7 mai, la Cour d’appel du neuvième circuit a confirmé la décision de première instance : la demande d’injonction préliminaire est rejetée. Pour la FTC, c’est l’échec de trop. Comme le rapporte The Verge, la Commission a déposé le 22 mai une requête en non-lieu, actant officiellement la fin de ses poursuites contre Microsoft.
Dans le document publié, elle précise que « l’intérêt public est mieux servi par le rejet du litige administratif », mettant ainsi un point final à une bataille juridique particulièrement longue.
Du côté de Redmond, la réaction ne s’est pas faite attendre. Brad Smith, président de Microsoft, s’est félicité de cette issue, évoquant « une victoire pour les joueurs et pour le bon sens à Washington ». Une manière de refermer le dossier en beauté ? Pas tout à fait.
Depuis la conclusion de l’accord, Microsoft a enchaîné les décisions controversées : hausse du tarif du Game Pass, restructurations internes, licenciements massifs chez Activision… Autant de choix qui ont continué d’alimenter la méfiance des régulateurs et des joueurs. La victoire judiciaire est là, mais la bataille de l’image, elle, reste ouverte.
Avec l’abandon des poursuites, Microsoft sort officiellement vainqueur d’un bras de fer inédit, qui redéfinit les contours du marché. Désormais propriétaire d’un des plus grands éditeurs tiers de la planète, le constructeur Xbox a les cartes en main pour écrire une nouvelle page du jeu vidéo… à condition de savoir les jouer.
Pour la FTC, cet échec remet en question ses leviers d’action face aux géants de la tech. Et pour l’ensemble de l’industrie, ce dossier reste un précédent lourd de sens, dans un contexte où les consolidations se multiplient.
