Depuis plus de quinze ans, Assassin’s Creed est bien plus qu’une simple licence : c’est un pilier du jeu vidéo moderne, un symbole de longévité dans une industrie où peu d’univers survivent aussi longtemps. Et selon Alex Hutchinson, ancien directeur créatif d’Assassin’s Creed III, cette longévité n’a rien d’un hasard. Pour lui, la franchise d’Ubisoft est devenue une “marque éternelle” — un forever brand — précisément parce que l’éditeur français reste l’un des rares géants du AAA à valoriser le risque.
Une licence qui s’adapte sans se trahir
Dans une interview accordée à FRVR, Hutchinson est revenu sur ce qui, selon lui, fait la force d’Assassin’s Creed. Depuis son premier épisode en 2007, la série n’a cessé d’évoluer : d’un jeu d’action-infiltration linéaire à une expérience RPG à monde ouvert, elle a connu des métamorphoses que peu d’autres franchises auraient osé tenter.
“C’est probablement la seule série de jeux qui a décidé, presque arbitrairement, de changer complètement de genre en plein milieu”, explique Hutchinson, admiratif. Ce virage, amorcé avec Origins en 2017, a non seulement sauvé la licence après les difficultés d’Unity, mais a aussi redéfini ce que le public pouvait attendre d’un blockbuster Ubisoft.
Et cette audace continue de payer : après Mirage en 2023, Assassin’s Creed Shadows, sorti en mars 2025, a marqué la première incursion de la saga au Japon féodal. Une réussite critique et commerciale qui prouve qu’Ubisoft sait encore surprendre tout en honorant son héritage.
Ubisoft, l’éditeur qui “valorise le risque”
Pour Alex Hutchinson, cette agilité créative n’aurait jamais été possible sans la philosophie d’entreprise propre à Ubisoft. “Ils valorisent le risque”, dit-il. “C’était le seul grand studio encore dirigé par ses fondateurs, ce qui leur permettait de prendre des décisions audacieuses, là où d’autres éditeurs cherchent avant tout la sécurité.”
Il cite notamment Electronic Arts comme contre-exemple : une société brillante pour générer des franchises, mais frileuse lorsqu’il s’agit de lancer de nouvelles IP. Ubisoft, au contraire, aurait su maintenir une culture du pari, quitte à échouer parfois, mais toujours dans l’idée d’expérimenter.
Cette mentalité expliquerait pourquoi Assassin’s Creed a su survivre à ses crises d’identité, là où tant d’autres sagas se sont éteintes. “Peu de franchises peuvent changer aussi radicalement de formule et continuer à prospérer”, observe Hutchinson.
L’ère du Animus Hub, la nouvelle clé de voûte de la saga
En 2025, Ubisoft a franchi une nouvelle étape : le projet Infinity a été officiellement rebaptisé Animus Hub.
Ce portail central relie désormais tous les jeux Assassin’s Creed — les épisodes principaux, les remakes, les projets multijoueurs et même les contenus transmedia.
L’objectif est clair : faire du Hub une plateforme vivante où les fans peuvent explorer tout l’univers Assassin’s Creed, sans frontières techniques ni générationnelles.
C’est un pas logique pour une marque qui se pense désormais comme un écosystème. Avec Shadows, le remake de Black Flag en développement, un futur titre orienté horreur, et plusieurs projets en production, Ubisoft continue d’élargir la Confrérie sans l’étouffer.
Une “marque éternelle” qui regarde vers l’avenir
“Assassin’s Creed peut durer tant qu’Ubisoft le souhaite”, affirme Hutchinson. Et difficile de le contredire.
Peu de séries ont su évoluer avec autant d’audace sans trahir leur essence. En liant créativité, histoire et technologie, Ubisoft a fait d’Assassin’s Creed non plus un simple jeu, mais une expérience culturelle continue.
Dix-huit ans après la sortie du premier opus, la licence reste au cœur du paysage vidéoludique. Et si Hutchinson parle d’une “marque éternelle”, c’est parce qu’elle ne cesse de prouver qu’elle est bien vivante.
Une saga capable de renaître, encore et encore — à chaque génération, à chaque époque, dans chaque joueur.
