Héritier d’un monument du RPG moderne, The Witcher 4 cristallise à la fois l’impatience des joueurs et les doutes des développeurs. Dix ans après le raz-de-marée critique et commercial de The Witcher 3: Wild Hunt, CD Projekt Red se retrouve face à une question simple, mais vertigineuse : comment faire mieux ?
Avec son monde ouvert foisonnant, sa narration ciselée et ses personnages inoubliables, The Witcher 3 s’est imposé comme une référence absolue du jeu de rôle occidental. Pour beaucoup, il reste encore aujourd’hui inégalé. Et chez CD Projekt, on ne se voile pas la face : l’ombre de ce chef-d’œuvre plane sur chaque ligne de code de son successeur.
Dans une interview accordée à GamesRadar, Philipp Weber, directeur narratif sur The Witcher 4, confie à demi-mot ce que beaucoup soupçonnaient déjà : la pression est immense. « Je me suis dit : Oui, comment allons-nous faire (pour surpasser The Witcher 3) ? », admet-il sans détour.
Pour Weber, le défi n’est pas tant de faire “mieux” objectivement, que de proposer une expérience qui résonne différemment selon les sensibilités de chacun. « L’expérience qu’une personne retire d’un jeu est hautement subjective », explique-t-il. Là où certains ont été transportés par l’univers de Geralt de Riv, d’autres pourraient être plus sensibles à de nouvelles mécaniques, à un nouveau protagoniste ou à une tonalité différente.
Autrement dit, The Witcher 4 n’a pas vocation à copier-coller son prédécesseur, mais à évoluer. CD Projekt entend ainsi garder ce qui faisait la force de Wild Hunt — une écriture forte, des quêtes secondaires mémorables, une cohérence de l’univers — tout en expérimentant avec de nouvelles idées, notamment en termes de gameplay et de narration systémique.
À l’interne, les équipes semblent déterminées à conserver “la même formule”, mais à la faire mûrir. The Witcher 4 ambitionne ainsi de combiner les fondations solides de la trilogie précédente avec des approches modernes du développement. Une orientation confirmée par la présentation d’une première démo technique, dévoilée en interne le mois dernier, et qui aurait suscité un engouement unanime au sein du studio.
Si cette démonstration reflète fidèlement l’ambition du projet final, les joueurs peuvent espérer une claque visuelle, mais aussi une aventure narrative digne de l’ADN du studio polonais. Rappelons que, malgré les polémiques entourant le lancement de Cyberpunk 2077, CDPR n’a jamais failli sur un point : la qualité de ses univers.
Bien que peu d’informations concrètes aient filtré à ce jour, The Witcher 4 s’annonce comme un projet à la croisée des chemins pour CD Projekt Red. Entre fidélité à l’héritage et désir de renouveau, le studio joue gros. Mais avec une vision lucide et une volonté affirmée de viser l’excellence sans se perdre dans l’ombre du passé, il pourrait bien réussir à réenchanter le monde du RPG.
