Dans l’univers du jeu vidéo, certains titres dépassent leur statut de simple divertissement pour devenir de véritables phénomènes culturels. Grand Theft Auto fait partie de ceux-là. À l’approche de la sortie de GTA 6, prévue pour novembre 2026, les attentes sont si démesurées que même les créateurs d’autres licences iconiques préfèrent ne plus parler de concurrence.
C’est le cas de Chris Stockman, ancien concepteur de Saints Row, qui s’est exprimé dans le podcast de FRVR. Pour lui, GTA n’est plus une saga, mais une marque éternelle : “Tu ne peux plus rivaliser avec eux. C’est impossible. GTA est devenu un univers à part entière.”
GTA Online, le tournant décisif

Stockman explique que tout a changé avec GTA Online, véritable moteur de transformation de la franchise. Ce mode multijoueur a “propulsé Grand Theft Auto au-delà du simple jeu”, transformant son monde en une plateforme sociale et culturelle. Entre les mises à jour massives, les contenus saisonniers et la créativité infinie des joueurs, Rockstar a bâti une expérience qui se renouvelle sans fin.
“Tu ne peux pas te dire ‘je vais faire mon GTA’, c’est terminé”, poursuit-il. “Il faut repartir de zéro, revenir à l’essentiel et proposer autre chose. C’est ce que Saints Row avait fait à l’époque : s’imposer comme le numéro deux, mais avec sa propre identité.”
Le poids des attentes autour de GTA 6

Pour autant, Stockman ne cache pas une certaine inquiétude face à la démesure du projet. “Si GTA 6 sort et qu’il est terrible… Dieu protège l’industrie”, dit-il à moitié sur le ton de la plaisanterie. Mais le message est clair : l’avenir du AAA repose en partie sur la réussite du prochain Grand Theft Auto.
Un échec, même hypothétique, aurait des répercussions énormes. Les budgets pharaoniques, la pression sur les studios, la peur du risque créatif — tout pourrait vaciller. “Ce serait pire qu’un E.T. d’Atari”, plaisante-t-il, en référence au célèbre crash de 1983.
Mieux vaut être un excellent numéro deux qu’un clone raté

Stockman insiste sur un point : vouloir absolument “être Rockstar” est une erreur. Selon lui, il y a de la valeur dans la deuxième place. “Beaucoup de studios ont peur d’être numéro deux, mais ce n’est pas un échec. Les joueurs ont soif de nouvelles expériences.”
En clair, Saints Row a su exister en trouvant son ton : plus absurde, plus décalé, moins réaliste. Et c’est cette singularité qui, à l’époque, lui a permis de briller sans chercher à imiter GTA.
Une industrie en quête de mesure

Dans un secteur où les budgets explosent et où chaque sortie se joue à plusieurs centaines de millions de dollars, Stockman rappelle qu’il faut rester lucide : “Ce n’est pas une course à celui qui dépensera le plus. On peut faire de grands jeux sans tout miser sur la surenchère.”
Il conclut sur une note pleine de bon sens : “Le secret, c’est d’avoir une identité claire, de rester concentré. Tu n’as pas besoin de faire le prochain GTA pour marquer les joueurs.”
À un an de la sortie de GTA 6, Rockstar porte sur ses épaules les espoirs — et les craintes — d’une industrie entière. Si le studio réussit, il consolidera encore un peu plus son statut de légende. S’il trébuche, c’est tout un modèle économique qui pourrait vaciller.
Mais, comme le dit Stockman, “il n’y a rien de mal à être numéro deux… tant qu’on joue bien ses cartes.”




