FromSoftware a-t-il enfin trouvé les limites de son propre héritage ? Après avoir redéfini les standards du RPG d’action en monde ouvert avec Elden Ring, et enthousiasmé les joueurs avec le très attendu DLC Shadow of the Erdtree, le studio japonais revient sur le devant de la scène avec un nouveau chapitre : Elden Ring: Nightreign. Si le succès commercial est incontestable, le ressenti des joueurs, lui, se révèle plus nuancé.
Dès son lancement, Nightreign a enregistré un pic impressionnant de 313 593 joueurs simultanés sur Steam, confirmant une attente colossale autour du titre. Un chiffre d’autant plus remarquable que le jeu a été lancé en semaine, laissant présager une fréquentation encore plus importante durant le week-end.
Pour autant, derrière cet engouement massif se cache une réception critique plus contrastée. Sur les plus de 8 000 évaluations publiées sur Steam, environ 70 % sont positives – un score respectable, mais qui marque un net recul par rapport à l’enthousiasme quasi unanime dont jouissaient Elden Ring et son extension précédente.
À première vue, Nightreign reprend les bases solides qui ont fait la renommée de la série : un univers mystérieux, une direction artistique marquante et des affrontements toujours aussi exigeants. Le tout est enrichi par une carte dense, truffée d’événements dynamiques et d’activités coopératives. Jusque-là, FromSoftware reste dans sa zone de confort, et cela fonctionne.
Mais très vite, les limites du design multijoueur viennent ternir l’expérience. Le mode coopératif exige impérativement un groupe de quatre joueurs et repose quasi exclusivement sur la communication vocale. Impossible de jouer en duo : si vous ne parvenez pas à réunir trois amis disponibles, avec micro à portée de main, l’aventure tourne vite au calvaire. Jouer avec des inconnus ? Peu recommandé, faute d’outils de communication intégrés efficaces.
Autre point noir, l’absence de cross-play. À l’heure où la majorité des jeux multijoueurs cherchent à rassembler leurs communautés au-delà des plateformes, Nightreign cloisonne ses joueurs : impossible de rejoindre un ami s’il joue sur une autre machine. Un choix difficilement compréhensible en 2024, qui isole inutilement une partie du public.
Malgré ces écueils, Nightreign n’est pas un mauvais jeu. Bien au contraire : le gameplay conserve cette rigueur et cette intensité propres à FromSoftware. L’univers est intrigant, l’exploration gratifiante et la montée en puissance toujours aussi grisante. Les fondations sont là, mais elles sont parasitées par une couche multijoueur mal calibrée.
Reste désormais à savoir si le studio nippon écoutera sa communauté. Des ajustements ciblés – mode duo, cross-play, amélioration de la communication en ligne – pourraient suffire à redresser la barre. L’ampleur du lancement prouve que l’intérêt est là. Mais sans correctifs rapides, Nightreign risque de devenir l’exception qui confirme la règle d’excellence de FromSoftware.