Avant même sa sortie, Assassin’s Creed Shadows évoluait dans un contexte particulièrement tendu pour Ubisoft. Chute prolongée du cours de l’action, restructurations internes, retards à répétition et interrogations sur la solidité financière du groupe : le lancement du nouvel épisode de la licence phare s’est fait sous haute pression. Si ces difficultés structurelles sont loin d’être réglées, de nouvelles données de marché viennent toutefois nuancer le tableau.
Selon un rapport récent publié par le site Newzoo, Assassin’s Creed Shadows s’impose comme le jeu console non-sportif et non-shooter le plus rentable de l’année. Une performance notable, qui place le titre devant des sorties très attendues comme Expedition 33, Kingdom Come: Deliverance II ou encore d’autres productions premium majeures.
Une performance solide sur consoles, malgré un contexte défavorable

Dans le classement global des ventes console par chiffre d’affaires, Assassin’s Creed Shadows se hisse à la sixième place toutes catégories confondues. Mais l’analyse devient particulièrement intéressante lorsqu’on isole les poids lourds habituels du marché. Une fois les licences sportives annuelles (FC 26, NBA 2K26) et les shooters à forte récurrence (Battlefield, Call of Duty) écartés, le jeu d’Ubisoft grimpe tout simplement en tête du classement.
Un résultat d’autant plus remarquable que Shadows reste une expérience essentiellement solo, à contre-courant d’un marché de plus en plus dominé par les jeux-service, les microtransactions et les modèles d’engagement à long terme. Dans ce paysage, voir un jeu narratif premium rivaliser avec des mastodontes multijoueurs témoigne d’un attachement toujours fort du public à la formule Assassin’s Creed.
Un marché premium qui résiste, malgré la pression des jeux-service

Le rapport de Newzoo souligne également la performance de Ghost of Yōtei, deuxième titre le plus rentable hors jeux-service, malgré son statut d’exclusivité PlayStation 5. À l’inverse, certaines sorties pourtant très médiatisées comme Expedition 33 ou Kingdom Come: Deliverance II ne figurent pas parmi les leaders sur ce segment précis, illustrant la difficulté croissante à transformer l’attention critique en revenus massifs.
Ces données confirment une tendance déjà observée ces dernières années : le succès commercial ne repose plus uniquement sur la qualité perçue ou l’ambition artistique, mais sur la capacité d’un jeu à s’inscrire durablement dans les habitudes de consommation.
Un bol d’air pour Ubisoft, sans régler les problèmes de fond

Ubisoft a publié son rapport financier avec plusieurs semaines de retard, et contre toute attente, celui-ci s’est révélé plus rassurant que prévu. Assassin’s Creed Shadows y apparaît comme l’un des principaux moteurs de revenus récents du groupe, apportant un répit bienvenu dans une période de forte instabilité.
Pour autant, l’embellie reste relative. Malgré ce succès commercial, la capitalisation boursière d’Ubisoft serait passée sous la barre symbolique du milliard de dollars, une première depuis plus de dix ans. Un signal clair que, si Shadows a rempli son rôle de locomotive à court terme, il ne suffira pas à lui seul à redresser durablement la trajectoire du groupe.
Assassin’s Creed Shadows n’est donc pas le sauveur miracle d’Ubisoft, mais il constitue une preuve tangible de la solidité commerciale de la licence, en particulier sur consoles. Dans un marché saturé de jeux-service et de blockbusters multijoueurs, ce succès rappelle qu’un jeu solo bien positionné peut encore peser lourd surtout lorsqu’il s’appuie sur une marque aussi installée.
Reste désormais à voir si Ubisoft saura transformer cette performance ponctuelle en base solide pour reconstruire la confiance des investisseurs… et des joueurs.

