Pendant plus de vingt ans, Silent Hill a bâti sa légende autour d’une ville américaine brumeuse, théâtre de cauchemars psychologiques et de traumatismes intimes. Avec Silent Hill f, Konami a toutefois décidé de bousculer cet héritage en déplaçant l’action vers un village japonais isolé. Un choix audacieux, assumé… et peut-être annonciateur d’une transformation plus profonde de la franchise.
Dans une interview accordée à le site Inverse, le producteur de la série Motoi Okamoto a clairement ouvert la porte à une évolution radicale : l’avenir de Silent Hill pourrait se jouer bien au-delà de ses frontières historiques, voire même hors du Japon.
Explorer l’horreur à travers les cultures du monde

Selon Okamoto, l’équipe souhaite désormais s’inspirer de cultures et de croyances locales fortes pour renouveler l’horreur psychologique qui fait l’ADN de la série. L’Amérique centrale et l’Amérique du Sud figurent parmi les régions citées, notamment pour leurs traditions chamaniques, leurs mythologies spirituelles et leurs récits populaires profondément ancrés dans l’histoire.
Le producteur évoque également d’autres pistes, comme la Russie, l’Italie ou la Corée du Sud. Des pays marqués par des systèmes de croyances distincts, mais aussi par des passés politiques complexes, qui pourraient nourrir des récits sombres et symboliques, en parfaite adéquation avec l’univers de Silent Hill.
Pour Okamoto, ces contextes historiques coups d’État, régimes militaires, périodes d’instabilité ont façonné un folklore empreint de violence latente, de fatalisme et de bravade. Des éléments narratifs puissants, capables d’alimenter une horreur plus enracinée dans le réel, moins frontale, mais tout aussi dérangeante.
Une ambition créative freinée par des réalités industrielles

Cette ouverture au monde ne va toutefois pas sans obstacles. Okamoto reconnaît que certaines régions, notamment en Amérique centrale et du Sud, disposent de peu de studios capables de gérer un projet de l’envergure d’un Silent Hill. Si la richesse culturelle y est indéniable cinéma, littérature, récits oraux sa transposition en jeu vidéo AAA pose encore question.
La difficulté ne réside donc pas dans l’inspiration, mais dans la manière de traduire ces mythes et croyances en expériences interactives cohérentes, respectueuses et techniquement solides. Un défi que Konami semble prêt à explorer, sans pour autant se précipiter.
La sortie prochaine de Silent Hill f, combinée au remake de Silent Hill 2 développé par Bloober Team en 2024, confirme le retour stratégique de Konami sur le terrain du survival horror. Une reconquête entamée dès 2022, avec l’annonce simultanée de Silent Hill 2, Silent Hill f et Silent Hill: Townfall, pensée comme une déclaration d’intention claire envers les fans.
Si la ville de Silent Hill restera à jamais un pilier de l’histoire du jeu vidéo, la franchise semble aujourd’hui prête à évoluer, à se réinventer et à affronter de nouveaux cauchemars… là où on ne l’attend pas.

