En janvier 2023, Microsoft frappait un grand coup en annonçant le rachat d’Activision Blizzard pour près de 70 milliards de dollars, la plus grosse acquisition de l’histoire du jeu vidéo. Deux ans plus tard, le constat est amer pour certains observateurs : si le catalogue Xbox s’est enrichi de licences majeures comme Call of Duty, les promesses de stabilité et d’accessibilité faites aux régulateurs semblent avoir volé en éclats.
Des promesses aux réalités
Lors des débats autour de ce rachat, Microsoft avait assuré que cette consolidation ne mènerait ni à une hausse des prix, ni à des licenciements massifs. Pourtant, la réalité est bien différente : Game Pass Ultimate a vu son tarif grimper de près de 50 % depuis 2023, tandis que plusieurs vagues de licenciements ont secoué les équipes d’Activision Blizzard et Bethesda.
La situation confirme les inquiétudes exprimées par la présidente de la FTC de l’époque, Lina Khan. Opposée dès le départ au rachat, elle estimait que ce type de concentration finirait par pénaliser les joueurs et fragiliser l’industrie. Aujourd’hui, elle pointe du doigt un Xbox devenu trop puissant pour réellement tenir compte du consommateur moyen.
Le paradoxe Game Pass

Certes, Xbox a tenu parole sur un point crucial : Call of Duty est bien arrivé dans l’abonnement Game Pass, accompagné d’autres titres majeurs issus du catalogue Activision. Une victoire symbolique pour la stratégie de Microsoft, qui veut faire de son service un passage obligé pour les joueurs.
Mais cette réussite a un prix. Les hausses tarifaires rendent le service moins accessible, et le spectre d’un marché uniformisé inquiète. Ce paradoxe illustre parfaitement la tension entre l’attractivité d’un abonnement qui concentre les plus grandes licences, et la dépendance croissante à une plateforme unique qui dicte désormais ses propres règles.
Vers un Xbox sans console ?

Autre signe marquant : Xbox semble peu à peu s’éloigner de son ADN de constructeur. Phil Spencer l’a déjà affirmé, l’avenir passe par l’écosystème et non plus uniquement par le hardware. Après avoir intégré Activision Blizzard et Bethesda, Microsoft se positionne comme un mastodonte du contenu plus que comme un simple fabricant de consoles.
Avec Call of Duty, l’une des franchises les plus rentables de l’histoire, Microsoft peut avancer sans crainte sur ce terrain. Mais ce choix stratégique alimente l’idée que la promesse initiale — un marché plus ouvert et compétitif — s’effrite au profit d’un modèle dominé par un acteur hégémonique.

Deux ans après l’annonce historique, le bilan est clair : le rachat d’Activision a offert à Xbox une puissance sans précédent, mais au prix d’une confiance ébranlée. Les inquiétudes de la FTC, jugées excessives en 2023, apparaissent aujourd’hui tristement fondées.
Pour les joueurs, l’équation reste complexe : profiter d’un Game Pass enrichi, mais plus cher, ou craindre qu’à long terme, cette concentration étouffe la diversité et la compétitivité du secteur.
Le futur d’Xbox ne se joue peut-être plus sur le terrain des consoles, mais sur celui d’une industrie où la liberté des joueurs pourrait bien se réduire face à la force de frappe d’un géant devenu incontournable.




